La COVID-19 stimule l’innovation en matière de santé en Afrique
Brazzaville, 29 octobre 2020 - La pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a servi de catalyseur au développement de plus de 120 innovations technologiques en matière de santé qui ont été pilotées ou adoptées en Afrique, selon une nouvelle analyse effectuée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Il ressort de l’étude de 1000 technologies nouvelles ou modifications des technologies existantes introduites dans le monde pour cibler différents domaines de la riposte à la COVID-19 que 12,8 % des innovations sont conçues en Afrique. Les domaines d’intervention comprennent la surveillance, la recherche des contacts, la participation communautaire, le traitement, les systèmes de laboratoire et la lutte anti-infectieuse.
En Afrique, en tout 57,8 % des technologies étaient fondées sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), 25 % sur l’impression 3D et 10 % sur la robotique. Parmi les innovations fondées sur les TIC, on peut citer les Chatbots WhatsApp en Afrique du Sud, les outils d’autodiagnostic en Angola, les applications de recherche des contacts au Ghana et les outils mobiles d’information sanitaire au Nigéria. Les pays comptant le plus grand nombre d’innovations étaient l’Afrique du Sud (avec 13 % du total), le Kenya (10 %), le Nigéria (8 %) et le Rwanda (6 %).
« La COVID-19 est l’un des plus graves problèmes de santé en une génération, mais aussi une occasion de faire progresser l’innovation, l’ingéniosité et l’esprit d’entreprise dans le domaine des technologies sanitaires d’importance vitale », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « C’est formidable de voir le dynamisme dont la jeunesse du continent fait preuve dans la lutte contre la COVID-19. Des outils automatiques de lavage des mains fonctionnant à l’énergie solaire, des applications mobiles qui s’appuient sur la connectivité de l’Afrique en pleine expansion. Il s’agit là d’innovations locales adaptées de façon spécifique au contexte africain. »
Selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, plus une économie est développée, plus elle innove et inversement, mais certaines économies brisent ce modèle en affichant des performances qui peuvent être meilleures ou pires que prévu. L’Afrique subsaharienne est la région qui compte le plus grand nombre d’économies dont le niveau de développement dépasse les attentes. Si cela est encourageant pour stimuler davantage l’innovation sur le continent, l’investissement est la clé à actionner. Une étude du Groupe de la Banque mondiale révèle d’une part que les pays africains, avec environ 0,01 % par habitant, investissent beaucoup moins dans l’innovation que les pays développés, et d’autre part que le continent n’est pas à la hauteur de son potentiel.
« La pandémie a insufflé une nouvelle dynamique à la nécessité d’investir dans l’innovation et de mettre en place des politiques et des cadres adéquats pour libérer le génie africain dans le monde », a relevé Dr Moeti. « Nous savons qu’investir dans l’innovation rapporte d’énormes dividendes. Avec la COVID-19 et les autres problèmes de santé qui font partie de notre vécu quotidien, il n’y a pas de temps à perdre pour créer un environnement propice à l’épanouissement des innovateurs africains. »
L’OMS recommande d’investir davantage dans les infrastructures de TIC, dans la robotique, dans l’intelligence artificielle, dans les drones, ainsi que dans la mécatronique, et de mettre en place des politiques appropriées pour stimuler la créativité et l’esprit d’entreprise, tout comme la recherche universitaire.
Au début de cette année, tous les 47 États Membres de la Région africaine de l’OMS ont adopté une stratégie visant à transposer à une grande échelle les innovations en santé en Afrique. D’ici à 2023, en tout 80 % des États Membres auront convenu de procéder à des évaluations des besoins afin de cerner les principales lacunes de leurs systèmes de santé et ces États Membres auront institué des mécanismes de coordination pour transposer à une grande échelle les innovations. Soixante-quinze pour cent des États Membres auront formulé des politiques et des cadres d’incitation, et la moitié des pays auront mis au point des outils analytiques pour évaluer l’impact économique et social des innovations.
Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique a créé une base de données intégrée des innovations afin de partager les connaissances, les idées et les réussites. Il a aussi institué un pool d’accès aux technologies pour le partage de la propriété intellectuelle et des données. Le tout premier Challenge de l’OMS pour l’innovation en Afrique, qui visait à répondre à certains des besoins sanitaires les plus urgents des populations les plus vulnérables dans le monde, a enregistré en tout 2400 propositions d’innovation, y compris des innovations issues de 44 pays africains.
Dr Moeti s’exprimait aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle animée par le Groupe APO. Les autres intervenants étaient M. Ibrahim Guimba Saidou, Ministre conseiller spécial du Président de la République du Niger, par ailleurs Directeur général de l’Agence nationale pour la Société de l’Information ; Dr Ola Brown, fondatrice de Flying Doctors Investment Company ; et Dr Integrity Mchechesi, jeune médecin résident à l’Hôpital central Parirenyatwa à Harare (Zimbabwe).
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